Oui. Il y a certains facteurs qui rendront une personne plus susceptible qu’une autre à vivre une psychose liée à sa consommation de cannabis.

Certains de ces facteurs sont propres à toi, tandis que d’autres dépendent de ta consommation de cannabis, rendant ces derniers plus faciles à contrôler si tu choisis de consommer.

Certaines choses qui sont hors de ton contrôle, mais qui sont toutefois importantes à prendre en considération sont les traumatismes à l’enfance ainsi que les abus, qu’on appelle parfois « expériences négatives vécues pendant l’enfance ». Le fait d’avoir un historique personnel d’abus ou de traumatismes à l’enfance (par exemple sexuel, physique ou de négligence) est un facteur de risque important dans le développement éventuel d’une consommation problématique de substances ou de troubles de santé mentale. De plus, les jeunes qui ont grandi autour de membres de la famille ayant une consommation problématique de substances et des troubles de santé mentale peuvent être plus à risque de développer une dépendance ou un trouble de santé mentale comparativement aux jeunes qui ne partagent pas cette vulnérabilité. Quoiqu’il soit important pour toi de connaître ta propre vulnérabilité, il est aussi important de noter que les jeunes qui ont vécu des abus et des traumatismes peuvent se rétablir et en guérir avec le soutien et les traitements appropriés.

Une autre chose qui est impossible à contrôler, mais qui pourrait avoir une forte influence sur ton risque de vivre une psychose liée au cannabis, est le fait d’avoir un historique familial de psychose ou de schizophrénie. Tu peux t’informer à ce sujet en demandant à un membre de ta famille biologique, puisque les recherches existantes démontrent que la composante génétique est plus importante que la composante sociale en ce qui a trait au risque de psychose ou de schizophrénie. Par contre, il arrive qu’une famille ne veuille pas divulguer son historique par gêne, par honte, par peur d’être stigmatisée ou même par manque de connaissance des détails de son historique.

La schizophrénie et la psychose sont des termes médicaux, alors tu pourrais aussi vouloir t’informer au sujet d’historique de « dépression nerveuse » ou de « rupture avec la réalité ». Si un de ces événements s’est produit, ce n’est pas nécessairement une psychose ou la schizophrénie, mais ça peut t’aider à avoir une idée d’occurrences potentielles. À noter que la schizophrénie ne veut pas dire « double personnalité », bien qu’assez répandue, cette idée est fausse.

« Je pense que ça a pu jouer un rôle dans la vitesse à laquelle les choses se sont passées, [en particulier] la psychose, définitivement. Je pense que ça peut [la] déclencher chez les personnes à risque, mais pas nécessairement chez tout le monde ».

Si tu as un historique familial de psychose ou de schizophrénie, il est certain qu’il est plus sécuritaire pour toi de ne pas consommer du cannabis. Ceci est particulièrement le cas pour les liens proches et directs, comme les parents, les frères et sœurs et, par-dessus tout, un jumeau ou une jumelle identique.  Cependant, nous ne sommes pas ici pour te dire quoi faire, alors voici quelques façons de réduire ton risque de psychose si tu choisis quand même de consommer du cannabis en connaissant ton historique familial :

Essaie d’attendre de consommer jusqu’à ce que tu aies au moins 17 ou 18 ans. Si tu es plus âgé.e et que tu n’as pas encore commencé, mais que cela t’intéresse, 25 ans est un âge encore plus sûr. Le cerveau poursuivant sa maturation jusqu’à environ 25 ans, il est plus vulnérable au stress et aux effets de la consommation de cannabis avant cet âge. Des études ont démontré que l’initiation au cannabis avant 15 ou 16 ans (dépendamment de l’étude) est liée à un risque plus important de psychose.

Si tu as déjà commencé à consommer et que l’attente n’est pas une option, il y a tout de même des façons de réduire tes risques :

  • En réduisant la fréquence de ta consommation, puisque c’est la consommation élevée, en particulier, qui est liée à la psychose. Cette réduction dépendra de ton contexte actuel de consommation : si tu fumes trois joints par jour, sauter le deuxième signifiera déjà 7 joints de moins par semaine. Si tu consommes un produit de cannabis comestible très puissant à chaque jour, tu pourrais commencer à alterner entre une dose entière et une demi-dose, ce qui représente déjà une réduction de 20% à 30% de la quantité totale consommée, dépendamment de si tu as trois ou quatre jours de demi-doses. Si tu consommes assez souvent, réduire la fréquence peut aussi te bénéficier d’autres façons, comme en diminuant ta tolérance.  De cette façon, tu peux avoir le même effet recherché avec moins de cannabis, réduisant ainsi tes dépenses et augmentant ton plaisir à chaque fois, puisque ça fera moins partie de ta routine.
  • En consommant un produit de cannabis ayant un taux moins élevé en THC et plus élevé en CBD. Si tu ne sais pas ce qu’est le THC, nous l’expliquons en détail ici. Si ton cannabis provient d’une source légale, tu pourras voir les taux de THC et de CBD sur l’étiquette. S’il provient d’une source illégale, il est plus difficile de connaître cette information, mais tu peux toujours demander à la personne qui t’a fourni le cannabis. Parler de THC et de CBD est de plus en plus commun et, considérant que de plus en plus de personnes cherchent des variétés à teneur élevée en CBD, ton fournisseur pourrait avoir cette information. Réduire le taux de THC du cannabis consommé signifie habituellement aussi augmenter le taux de CBD ce qui peut réduire les risques que pose le THC pour la psychose. Tout comme réduire ta fréquence de consommation, réduire la teneur en THC de ton cannabis peut être agréable : tu pourrais vivre un « high » différent ou être capable d’être plus actif.ve après ta consommation. Si tu n’es pas au courant de la teneur en THC de ton cannabis, tu peux toujours le consommer en plus petites quantités afin de réduire ton apport total de THC.

Ces facteurs sont tous importants pour prédire le risque de vivre une psychose liée à la consommation de cannabis et constituent donc des moyens de réduire tes propres risques. L’idée de vivre une psychose peut être inquiétante et si tu as des préoccupations par rapport à ça, nous en discutons davantage ici.